Louis GUILLOUX
Sa biographie
Louis Guilloux est un écrivain français né à Saint-Brieuc le 15 janvier 1899 et décédé le 14 octobre 1980 dans la même ville. Son père était cordonnier et militant socialiste. Louis Guilloux a exercé différents métiers (dont journaliste à L’Intransigeant), il se marie en 1924 et publie La Maison du Peuple en 1927.
En 1927 toujours, il signe la pétition, parue le 15 avril dans la revue Europe, contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d’opinion.
Son nom côtoie ceux d’Alain, Raymond Aron, Lucien Descaves, Henry Poulaille, Jules Romains, Séverine… Il a été secrétaire du 1er Congrès mondial des écrivains antifascistes en 1935, puis responsable du Secours Rouge International (plus tard Secours populaire), qui vient en aide aux réfugiés de l’Allemagne hitlérienne, puis aux républicains espagnols.
André Gide l’invite à l’accompagner dans son célèbre voyage en URSS en (1936), il se refuse à écrire lui aussi un Retour de l’U.R.S.S…
Le Pain des Rêves, qu’il écrit pendant l’Occupation, lui vaut le Prix Eugène Dabit du roman populiste 1942.
Focus
La guerre est effroyable, et ce qui se passe à l’arrière des combats peut ajouter à l’infamie qui la caractérise.
Le roman de Louis Guilloux « Le Sang noir » est le récit d’une journée de 1917, l’année sans doute la plus terrible de la première guerre mondiale car la France, en plus d’envoyer ses enfants dans des charniers monstrueux, donna elle-même la mort aux siens qui, anéantis, refusèrent de se battre.
Cette journée donc, n’est pas celle des combattants, mais elle n’en est pas moins effrayante. Elle concerne une petite bourgeoisie trop vieille pour partir à la guerre, et trop bête pour la refuser. Pendant que toute une génération verse son sang, cette petite société s’entretient dans des relations fourbes, médiocres, pompeuses parfois alors que le deuil exigerait le silence.
L’auteur décrit l’effondrement d’un monde, il dépeint les agissements d’une société d’hypocrites, de grotesques, de haïssables, en face de gentils, de révoltés, de victimes.
Le professeur de philosophie, personnage principal, dont les pensées pessimistes accompagnent la décadence d’une époque et pour qui un dernier sursaut d’honneur est refusé. Le poète autochtone acclamant les permissionnaires avec des vers de sa composition, pendant que tant de jeunes hommes se font massacrés dans les tranchées. Il y a aussi ce faste récompensant l’épouse d’un député parce que reconnue par les « bien-pensants », alors qu’un père et une mère suppliants s’effondrent en apprenant que leur fils va être fusillé et qu’ils ne pourront même pas le voir une dernière fois.
Certains miroirs déforment la réalité. Celui que nous propose l’auteur, par le truchement de quelques personnages à l’arrière du front, est au contraire le reflet acerbe de ce manque flagrant de discernement. C’est toute cette bassesse accumulée qui génère cette atrocité de masse.
L’écrivain procède en réalité à une dénonciation implicite de la guerre en décrivant l’atmosphère malsaine de l’arrière du front.
Ce livre traite avant tout de la condition humaine, Louis Guilloux critique la duplicité de la société de l’époque en particulier chez les prétendues élites (militaires, fonctionnaires et même républicains…) qui se servaient sans sourciller de la guerre.
Laurent ROCHE