Encore des attaques et des similitudes
Les années 1948 à 1953 sont une période de grandes violences contre le mouvement ouvrier et d’extrême tension internationale.
Il s’agit pour la grande bourgeoisie qui se réinstalle de détruire les acquis de la Résistance. La C.G.T. est porteuse de ces acquis. Il va donc falloir lui porter des coups, si possible l’abattre. La division est une arme de choix.
Dès février 1948, F.O., qui revendique 22 000 adhérents (chiffre contesté par les autres organisations), est reconnue représentative.
De son côté, l’U.N.C.M., qui a refait surface en 1945, a été reconnue représentative pour la catégorie ingénieurs et cadres fin 1947 (en 1950, elle le sera pour les agents de maîtrise).
Les attaques contre les nationalisations se poursuivent durant les années 1949, 1950, 1951.
En septembre 1948, un projet de décret prévoit le licenciement de 10 % du personnel. Puis, ce sont des projets de remise en cause du 1 % des œuvres sociales et le blocage des salaires.
A l’automne 1948, les mineurs sont en lutte. A nouveau, les forces de répression ont reçu l’ordre de violence : trois mineurs sont tués. La Fédération appelle à la solidarité. 900 familles d’électriciens et gaziers accueillent chez eux pendant plusieurs semaines un enfant de « gueule noire ».
En 1949, Gaz de France est détaché d’E.D.F., ce qui le rend financièrement plus vulnérable. Le 2 août 1949, la loi Armengaud retire à G.D.F. le monopole du transport du gaz naturel et permet la création de sociétés parasitaires ouvertes aux intérêts pétroliers ; elle encourage les «auto producteurs» d’électricité à se développer – E.D.F. leur rachètera leur surplus d’énergie à des tarifs élevés.
En septembre et octobre 1948, en mai, juillet et décembre 1949, des grèves obligent le gouvernement à reculer sur les licenciements, le 1 % et les salaires.
En 1951, est créée la communauté européenne du charbon et de l’acier (C.E.C.A.) qui coordonne cette politique de démantèlement. Parallèlement, les divers gouvernements s’attaquent au statut du personnel. La Fédération appelle le personnel à lutter. Des succès importants sont obtenus.
Avec 1950 et 1951 on atteint le point culminant des affrontements entre le personnel et des gouvernements de plus en plus liés aux puissances d’argent.
Janvier 1950 : Considérant la baisse du budget de l’équipement énergétique accordé à EDF, le Conseil Central des Œuvres Sociales (CCOS) décide de verser le solde disponible et non utilisé prélevé sur le budget de l’année précédente des œuvres sociales (soit 625 millions de francs) (PV CCOS 23 janvier 1950). Cette décision est à mettre en parallèle avec le projet du Conseil de la République de ramener à 74 milliards de francs pour 1950 les crédits à EDF, alors que les services de l’équipement avaient demandé 141 milliards de francs (Le Monde 26 janvier 1950).
Février 1950 : Création du salaire minimum national interprofessionnel garanti (SMIG).
Le 7 février 1950, Jean-Marie Louvel prend la place de Robert Lacoste au ministère de l’Industrie. Louvel est l’homme qui, en 1946, a été à la Chambre dans le dernier carré des résistants au projet de nationalisation (il n’a pas suivi la majorité de son groupe M.R.P. qui a voté la loi). Pour diriger son cabinet, il fait appel à Ambroise Roux, qui deviendra ensuite président de la Compagnie générale d’électricité.
Le gouvernement et le patronat refusent de satisfaire les revendications.
En mars 1950, des grèves éclatent dans la métallurgie, les assurances, les services publics. Le personnel d’E.D.F. et G.D.F. est mécontent, car on refuse de lui accorder plus de 5 % d’augmentation de salaire. Les quatre centrales syndicales, unies, organisent un référendum : 80 % des agents se prononcent pour la grève. Elle commence le 9 mars à 0 heure.
Aussitôt, le ministre de l’Industrie, Louvel Jean-Marie, annonce à la radio que le personnel est réquisitionné (comme en 1947, et sans plus de légalité). En même temps, la police est lâchée dans la répression, tandis que d’une part dans les usines à Gaz c’est le Génie qui remplace les Gaziers, d’autre part les Matelots (La Royale) prennent la place des Electriciens. Un peu partout ont lieu des arrestations, des inculpations.
Mars 1950 : A la suite d’une consultation nationale du personnel des IEG, l’ensemble des Fédérations de l’électricité et du gaz lance un appel à la grève pour obtenir une augmentation nationale du salaire statutaire de base, trois jours plus tard la CGC suspend sa participation au mouvement national.
En dépit des poursuites engagées, la grève se poursuit. Afin de trouver un arrangement avec le gouvernement, la CGC lui suggère la mise en place d’une prime de la productivité en complément du salaire à proprement parler. Finalement, les Fédérations CGC, CFTC et FO acceptent l’octroi de cette prime de productivité à la place d’une augmentation de salaires à l’issue d’une grève de dix-sept-jours. (Le Monde 14 avril 1950).
Mai 1950 : Le Statut National du personnel des IEG s’applique y compris aux salariés des entreprises de production ou de distribution exclues de la Nationalisation.
Début 1951 : Les agents des IEG reçoivent un catalogue préparé avant la dissolution du Conseil d’administration du CCOS qui présente les vacances en village de toile.
Mars 1951 : Nombreuses grèves en Région parisienne (IEG, SNCF, RATP) pour l’augmentation des salaires alors que l’inflation est galopante. Grâce à cette lutte, une hausse des rémunérations de plus de 10% est obtenue dans les IEG.
Mai 1952 : Electrification de la ligne de chemin de fer Paris-Lyon-Marseille.
Comme en juin 1948 pour les agents des entreprises non nationalisées qui bénéficient du statut, il en sera de même en 1953 pour les agents de la Caisse nationale de l’énergie (C.N.E.) au terme d’une longue bataille menée par le syndicat C.G.T.
Janvier 1953 : Nouveau record de production d’électricité 40 800 millions de KWH (dont 22 400 millions d’origine hydraulique) contre 18 864 millions en 1931.
Juillet 1953 : Inauguration du barrage de Tignes.
Août 1953 : Forte participation des électriciens et gaziers à la journée de grève du 8 août contre le projet gouvernemental de réforme des retraites. La grève se poursuit jusqu’au 26 août 1953.
Juillet 1954 : Signature des accords de Genève mettant fin à la guerre d’Indochine (1946-1954).
Novembre 1954 : Début de la Guerre d’Algérie (1954-1962).
Décembre 1954 : 1% des ménages disposent de la télévision.
Février 1955 : un décret modifie le premier paragraphe de l’article 25 du Statut National : « Les dépenses résultant de la création et du fonctionnement des Activités sociales sont couvertes au moyen d’un prélèvement de 1% des exploitations et des entreprises, exclues de la Nationalisation, assurant la distribution du gaz et de l’électricité » : le 1% minimum devient 1 % maximum.
Avril 1955 : Suite aux journées de grèves et d’actions des électriciens et gaziers organisées par les fédérations CGT et CFTC, le salaire de base est relevé de 5% à GDF et EDF.
Mai 1955 : Mort d’Albert Einstein.
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