Emmanuel TODD
Naissance : 16 mai 1951 à Saint Germaint en Laye
Formation : Il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et docteur en histoire de l’Université de Cambridge. Ingénieur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED), ses recherches l’ont conduit à considérer que les systèmes familiaux ont un rôle déterminant dans l’histoire et la constitution des idéologies religieuses et politiques.
Famille : Emmanuel Todd, né Emmanuel Guillaume Francis Robert Todd, est issu d’une famille comportant plusieurs figures intellectuelles : Son père est le journaliste Olivier Todd et sa mère est la publicitaire Anne-Marie Nizan. Sa famille passe la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis, à Hollywood. Divorcé et brièvement remarié, Emmanuel Todd a quatre enfants de trois femmes différentes, deux filles et deux garçons.
Côté professionnel : Son premier livre, La Chute finale, paraît en 1976. Puis il publie La Troisième Planète en 1983 puis de L’Enfance du monde en 1984.
Todd poursuit alors ses travaux sur la France et publie La Nouvelle France en 1988, préalable à L’Invention de l’Europe en 1990. En 1995, il écrit Aux origines du malaise politique français.
Après L’Illusion économique en 1998, il publie Après l’empire en 2002. En 2008, l’essai Après la démocratie, en 2012 et en 2013, dans une nouvelle édition de L’Invention de la France puis dans Le mystère français.
En mai 2015, Emmanuel Todd publie Qui est Charlie?
Focus :
L’ouvrage de ce démographe-historien comme il se définit, «Les Luttes de classes en France au XXIe siècle», dénonce l’appauvrissement généralisé d’une grande partie de la population, contrainte d’entrer en lutte sociale, avec deux grands responsables, selon lui: l’euro et Emmanuel Macron.
Il expose une nouvelle cartographie des catégories socioprofessionnelles qui ont émergé en une génération (1992-2019) qui sont toutes marquées par la baisse du niveau de vie généralisée et le retour de la lutte des classes. Ce phénomène serait l’aboutissement des transformations de la société française, « dominée statistiquement par des classes moyennes atomisées et appauvries ».
Il voit l’origine de ce délitement dans une désorganisation progressive de la société française qui a fini par briser ses ressorts. Cette désorganisation transparaît dans la rupture économique des vingt dernières années (désindustrialisation, appauvrissement…) mais aussi dans la rupture éducative (chute générale du niveau d’instruction) et dans la rupture démographique (chute de la fécondité, fin de la diversité anthropologique des régions françaises, choc migratoire).
L’euro intensifie la lutte des classes en France! Pourquoi? Parce qu’il n’offre aucune autre sortie possible de crise que la révolte, puisque les augmentations de salaire sont impossibles et que l’ajustement économique a pour but unique de compresser les coûts de production. Lorsqu’elle pouvait dévaluer sa monnaie, la France disposait d’une soupape sociale. Elle parvenait ainsi à redonner du pouvoir d’achat.
Cet ouvrage-là répond également à d’autres interrogations : pourquoi tant de luttes sociales en France? Pourquoi cette colère qui n’en finit pas? Est-ce juste le résultat de l’accroissement des inégalités et d’un pays qui devient un «archipel» comme l’a écrit le politologue Jérôme Fourquet ? Sommes-nous face à une France fracturée ou à un pays qui, tout entier, souffre et proteste?
A la lecture de ce livre riche (beaucoup de références bibliographiques, de statistiques), stimulant, provocateur, la vie politique des années 1992-2019 prend tout son sens : une longue comédie politique où s’invitent les classes sociales.
Attention cependant aux multiples directions que l’auteur prend qui peut perdre parfois le lecteur.
Thierry LADEUX